Récit d’une nuit chaotique dans certains quartiers de Port-au-Prince
Port-au-Prince, vendredi 13 décembre 2024.- Une fois encore, la capitale haïtienne s’est réveillée sous le spectre de la violence, marquée par une nuit de terreur qui a tenu en haleine les habitants de plusieurs quartiers. Des tirs nourris à l’arme lourde ont retenti dans l’obscurité, accompagnés d’ « explosions » sporadiques, plongeant les zones concernées dans une atmosphère de peur et de désolation.
Des rafales dans l’obscurité et des scènes de désolation
La nuit du jeudi 12 au vendredi 13 décembre a été marquée par des crépitements incessants d’armes automatiques dans des quartiers tels que Nazon, Poste-Marchand, Bourdon, Bois-Verna, Turgeau, Fort Nationale, Poupelard et Delmas 19. « Nous n’avons pas dormi. Ces tirs ne cessaient de résonner comme si nous étions en pleine guerre », rapporte un habitant de Poste-Marchand. Des bruits sourds et répétitifs ont rythmé la nuit, alimentant une angoisse croissante chez les riverains cloîtrés chez eux.
Au petit matin, les stigmates de cette nuit de violence étaient visibles. Sur l’Avenue Poupelard et dans certaines rues de Nazon, des épais nuages de fumée s’élevaient encore, signe d’incendies qui auraient ravagé plusieurs maisons, dont une école nationale. À Saint-Louis de Gonzague, un projectile a percé une fenêtre, déclenchant la panique parmi les écoliers et des résidents voisins. « C’est un miracle qu’il n’y ait pas eu de blessés graves », témoigne une mère de famille joint au téléphone.
Le spectre des gangs
Derrière cette nuit cauchemardesque se cache encore une fois la main de la coalition « Viv Ansanm » qui multiplie les exactions depuis plusieurs mois dans la capitale. Selon des témoins, les membres de ce gang ont redoublé de cruauté, terrorisant les habitants par des tirs aveugles et des incendies. « Ils sèment la pagaille et nous vivons en otage », se désole un marchand de Fresco, qui habite Bas-Delmas.
Face à l’insécurité persistante, plusieurs établissements scolaires ont décidé de suspendre leurs activités ce vendredi. À Turegeau, des écoles comme le Collège Canado ont gardé leurs portes fermées.
Un sentiment d’abandon
Bien que des patrouilles sporadiques de la Police Nationale d’Haïti aient été aperçues dans certaines zones, les habitants dénoncent une réponse insuffisante face à la montée en puissance des gangs. « On a l’impression que personne ne peut nous protéger. Nous vivons au jour le jour avec la peur constante de perdre nos maisons, ou pire, nos vies », confie un riverain de Turgeau qui s’est précipité pour récupérer sa fille à l’école.
Alors que la journée avance, la capitale reste suspendue dans une tension palpable. Les habitants, épuisés par cette violence récurrente, réclament des mesures fortes et durables pour restaurer la sécurité.