Melchie Dumornay, une étincelle de lumière au milieu du chaos
Elle n’a que 20 ans, mais elle intègre déjà la cour des grands. Corventina attend juste de trôner le football mondial féminin. Elle est sur la bonne voie. La joueuse haïtienne s’est déjà illustrée plusieurs fois. Face au PSG récemment, Dumornay a marqué et livré des passes décisives à l’aller comme au retour. Elue joueuse des deux rencontres, Corventina est au sommet. Son équipe va jouer la finale de la Ligue des champions face au Barça de Atiana Bonmati, le 25 mai prochain.
Pétion-Ville, 30 avril 2024.-
À bien considérer la situation actuelle d’Haïti et les efforts de Corventina pour briller aux yeux du monde entier, on serait d’accord avec cet adage : « les destins d’exception naissent souvent dans la boue ». Oui, Melchie Dumornay est ce rayon de lumière dans cette Haïti déchirée par une crise multidimensionnelle et sa capitale dévastée par la violence des gangs.
Elle brille, mais son pays est en lambeaux
En effet, Haïti, sa terre natale, se trouve sous les bottes de bandits armés qui tuent aveuglement, incendient par pur plaisir et vilolent sans retenu. Un pays plombé par une crise sans précédent venue aggraver une instabilité de fait et un chaos avéré. Une nation, jadis fière, qui est devenue aujourd’hui la risée du monde à cause de ces politiciens véreux et ses élites corrompus. Une jeunesse sans repère, découragée par le népotisme des uns et l’avidité des autres. Alors que Corventina se démène comme un diable dans un bénitier sur le terrain pour offrir le meilleur d’elle-même, en Haïti on se déchire et on s’entretue. Pourtant, on aurait dû fêter chaque performance de la native de Mirbalais grandiosement. Les bandes Rara devraient sortir et des gadgets estampillés Melchie Dumornay devraient envahir nos rues, nos magasin, mais le cœur n’y est pas. Les actes ignobles des malfrats et les maladresses politiques de ceux qui nous dirigent éclipsent les retombées des records battus par le dossard 6 de la sélection nationale féminine.
Ses prouesses, une bouffé d’oxygène
Au cœur de ce chaos dans lequel est plongé Haïti, notre jeune joueuse, vedette à part entière de Lyon, se voit attribuer le statut de porte bonheur de toute une société en quête de positivité. Melchie est un véritable cadeau tombé du ciel. Elle, qui nous offre de rares occasions d’exprimer notre fierté en tant que peuple, de célébrer, de souffler par ces temps de rudes épreuves. Pendant des jours, les amants du ballon rond, les Haïtiens en particulier et surtout les «tizè » de foot ne parlent que d’elle. Les prouesses de Corventina nous font oublier toute cette violence, tous ces morts et toute cette souffrance que nous imposent les gangs. Des exploits dignes d’une crack et taillés à la mesure de l’idole de tout un peuple qui change, pour un temps, le narratif négatif que tiennent les médias locaux et internationaux sur Haïti. Le pays respire enfin. Une nouvelle réjouissante qui remplace les récits sanglants des bandits qui abrogent des vies, envahissent des quartiers paisibles et une crise politique qui s’enlise. Melchie Dumornay est cette ambassadrice qui porte loin l’étendard national et fait flotter le bicolore dans les stades du monde entier. Elle fait partie d’un petit groupe d’Haïtiens, sportifs, artistes et artisans qui, par leur exploit, cherchent à restaurer notre honneur perdu. Un pays qui regorge pourtant de talents, de petites Melchie qui n’attendent qu’un pinceau de lumière pour gravir les marches de la gloire et sortir de l’obscurité des coulisses.
Il faut sauver d’autre petite Melchie
Corvintina a été dénichée par des dirigeants de football haïtien ainsi que plusieurs autres joueuses dont Nerilia Mondésir, Bathsheba Louis et Kerly Théus. Après avoir été formées et encadrées, elles n’ont pas pris du temps pour s’imposer en sélection nationale, puis sur la scène internationale. Dieu seul sait combien de jeunes talents, de petits génies, filles et garçons qui, tapis dans l’ombre, attendent seulement d’être repérés, accompagnés et coachés. Des virtuoses dont leur seul péché est d’être né dans un pays sans politiques sportives et culturelles. Ces jeunes, des cadeaux de Dieu, sont là, éparpillés partout en Haïti. Ils existent bel et bien. Ce qui n’existe pas, en réalité, c’est un État capable de les repérer ou encore un secteur privé intéressé à investir dans le développement de leur talent. Et sachez, si personne ne s’intéresse à eux, il existe une autre tentation pour ces jeunes haïtiens des quartiers défavorisés : le cercle vicieux du banditisme, des gangs armés et de la violence: