Actualités Société Défis et opportunités de l’équité et de l’inclusion : Dr. Ruolz Ariste délivre un décryptage à travers son livre
« Événements contemporains sous l’angle de l’équité et de l’inclusion : Réflexions autour des Noirs, de la diaspora haïtienne et de la population locale », c’est le titre de ce nouveau livre publié sous la plume du professeur Ruolz Ariste. Ce thème fascinant est d’autant plus opportun que le monde contemporain entre dans une période où la Diversité, l’Équité et l’Inclusion (DEI) suscitent de vives discussions, voire des critiques virulentes. Dans les cercles académiques et des institutions multilatérales, la DEI est perçue comme l’un des sujets les plus controversés. La nouvelle administration politique des États-Unis, partant en guerre contre un ensemble de partenariats inclusifs et intégrationnistes, a davantage attiré l’attention autour de menaces contre la DEI. Si les résultats de la DEI sont abordés en périphérie dans les médias et à travers d’autres cercles de discussions, de multiples défis et obstacles profonds de ce mouvement manquent d’être soulignés. Professeur Ariste a plongé dans les arcanes des institutions de promotion de la création et de la répartition de la richesse pour mettre en évidence le potentiel de l’impact sociétal de la DEI. En cette ère de l’anthropocène, l’auteur aborde la DEI sous un angle holistique où il tient une ferme plaidoirie pour que certaines thématiques des Objectifs de développement durable (ODD) telles que la santé et l’environnement y soient mieux intégrées. Dr. Ariste passe en revue l’échec de la responsabilité socioéconomique des institutions politiques et propose des moyens efficaces pour converger vers l’atteinte des nobles objectifs de ce mouvement inclusif.
Interpellé par le risque des répercussions néfastes des inégalités économiques et sociales sur l’harmonie de la planète, Dr. Ruolz Ariste a fait un saut de la sphère purement académique pour côtoyer le simple lecteur, les médias et les institutions publiques sur l’urgence d’améliorer les conditions de vies sur tout le globe. Auteur ou co-auteur d’une vingtaine de publications scientifiques, professeur Ariste s’adresse à un large public, notamment les Noirs et les autres groupes défavorisés. De son lieu de spécialiste en économie du travail et en politiques publiques appliquées au secteur de la santé, le professeur associé à l’Université Carleton (Ontario, Canada) et à l’Université du Québec en Outaouais plaide pour un village humain plus équitable. C’est en filigrane le message véhiculé dans son ouvrage qui se veut accessible à ceux et celles concernés par les traitements inégaux et défavorables à leur égard.
La présentation du livre à la fondation I-SCORE le 22 février dernier augure un intérêt manifeste du public haïtien, particulièrement de la diaspora pour cet ouvrage qui effleure plusieurs sous-thèmes connexes à la migration. Les passionnantes interactions des participants avec l’auteur charriaient des émotions intenses puisque certains chapitres du livre ont provoqué chez eux une certaine réminiscence des expériences amères de leur passé récent. L’audience a savouré des anecdotes personnelles où des compatriotes évoluant en Amérique du Nord ont été dans l’œil du cyclone du racisme et d’autres formes de discrimination au cours de leur périple académique et professionnel.
Il a fallu retenir de telles expériences apparentées à des parcours de combattant que l’effort académique ne suffit pas à un immigrant pour lui garantir succès dans le système étranger. En plus de la résilience et d’un mental robuste, il faut qu’il soit en mesure de développer des mécanismes efficaces pour surmonter les défis majeurs dressés sur son chemin. Selon la plupart des participants, qui ont déjà fait acquisition du livre, la plume de Ruolz Ariste a tout bonnement répandu en caractère lisible ce qu’ils murmurent tout bas, dans leur subconscient.
Pour faciliter une vaste majorité du lectorat concerné par les réflexions émises dans cet ouvrage – des Noirs et des Haïtiens au terroir et à la diaspora – professeur Ariste met le livre disponible en Français et en Anglais. Il est en vente à des librairies au Canada et aux États-Unis ; cependant, Amazon constitue la meilleure source pour s’approvisionner ce nouveau livre.
La DEI entre l’enclume et le marteau
Tandis que la promotion de la DEI figure parmi les axes prioritaires de l’agenda d’une pléthore d’institutions publique, privée et à but non lucratif, docteur Ariste y dénote des progrès peu significatifs. Selon l’observation de l’auteur portant sur une série d’évènements tristes de notre passé récent, la société n’a pas accordé priorité à l’équité, à la diversité ou à l’inclusion. Malgré les nombreuses initiatives visant à intégrer la DEI, le cadre en vigueur restait largement insuffisant, ne prenant pas en considération l’importance de l’égalité des chances, de la représentation et d’un traitement équitable pour tous. L’humanité a regrettablement observé que sous la nouvelle Administration Trump par exemple, des pratiques tendant à promouvoir la discrimination et la xénophobie ont refait surface, fragilisant ainsi la concrétisation de la DEI.
La rupture de l’aide internationale allouée à des institutions récipiendaires ayant montré des intérêts dans une pléiade de programmes d’intégration et de développement tendra à saper les progrès de la DEI. Sauf dans le cas d’un sursaut des institutions de promotion des droits humains, sinon les signes précurseurs montrent que la DEI verra de toutes les couleurs en cette ère d’un MAGA qui désire fouler aux pieds le cachet humain du développement moderne. En plus des décrets contre la DEI au jour même de son intronisation, l’actuel locataire de la Maison Blanche a déjà lancé un flot de propos hostiles qui pointent la DEI comme le principal facteur des inefficiences du système de fonctionnement des institutions américaines. Crash d’un hélicoptère et d’un avion militaire, incendies dans la Californie ; le président Donald Trump saisit la moindre occasion pour blâmer la DEI. Les tenants du MAGA semblent jurer de rendre la DEI coupable des sept péchés capitaux de l’échec des systèmes de réaction, de supervision et de contrôle aux États-Unis.
Conscient des risques et des menaces qui pèsent lourd sur l’existence de la DEI, Dr. Ariste ne souhaite pas garder un mutisme complice. Il tire la sonnette d’alarme en incitant à un débat objectif sur les bienfaits d’un pareil mouvement au profit de l’humanité. À certains égards, l’auteur soutient des plaidoiries similaires à celles des célèbres économistes Thomas Piketty et Joseph Stiglitz qui caressent le rêve de voir les inégalités se réduire à travers des prélèvements de taxe sur la richesse des ultrariches. Ruolz Ariste préconise également qu’un moyen efficace d’atteindre une partie des objectifs consignés dans la DEI consisterait à adopter de manière agressive un système fiscal progressif. Il propose un taux marginal d’imposition sur les plus grands revenus ainsi qu’un impôt sur la richesse des plus fortunés.
Un livre au menu copieux
Subdivisé en trois thématiques principales, le livre du Dr. Ariste comporte une vingtaine de chapitres basés sur des recherches et des faits stylisés. La première partie, qui couvre huit chapitres, porte sur les perspectives politico-culturelles tout en faisant un plaidoyer pour la réduction de la pauvreté et la promotion de la richesse partagée. L’auteur critique l’inefficacité de l’aide internationale à Haïti, qu’il perçoit avant tout comme une stratégie pour écouler les propres biens et services des pays donateurs. Tout en proposant des réformes au niveau des institutions tant nationales que transnationales pour sévir contre des personnalités indexées dans la corruption et la criminalité financière transnationale, professeur Ariste croit que les sanctions nord-américaines contre les politiciens et les oligarques corrompus représentent seulement un pas timide, bien que ce soit un premier pas dans la bonne direction. Cette section plutôt politique a également interpellé sur d’autres sujets brulants tels que les élections de Michel Martelly en Haïti et de Donald Trump aux États-Unis ainsi que l’assassinat du président Jovenel Moïse. Sur ce dernier sujet enflammé, Ruolz Ariste a pris note de ceux qui ont sollicité l’intervention de l’OEA pour contribuer à faire jaillir la lumière sur ce que plus d’uns baptisent de l’acte le plus crapuleux du siècle. L’auteur se demande si ces individus accepteraient également le principe de l’intervention multinationale pour les crimes financiers et inviteraient l’OEA à faire autant pour élucider ces derniers.
À la deuxième partie englobant six chapitres, le lecteur découvrira de multiples réflexions et propositions de l’auteur pour relever les défis en matière de santé et de discrimination dans la communauté noire. Ruolz Ariste relève que la communauté noire est plus encline à éprouver des réticences vis-à-vis des vaccins, que ce soit pour des raisons culturelles, historiques ou institutionnelles. L’auteur a par exemple rappelé l’aversion de cette communauté à l’égard du vaccin COVID-19. Les comportements réfractaires peuvent s’avérer préjudiciable en empêchant l’implémentation efficace de certains projets de santé public au profit de groupes minoritaires. S’il est vrai que dans le temps les Noirs furent l’objet de cobayes dans la réalisation de certaines expériences de laboratoire, aujourd’hui les conventions internationales jouent des rôles plus proactifs dans la protection des droits humains. En effet, les progrès seraient utopiques en dehors de la confiance des parties prenantes dans les bienfaits de la science.
Les importantes statistiques des groupes racialisés en Amérique du Nord et en Europe touchés par la COVID-19 ont-elles résulté de cette peur ? Spécialiste en économie de la santé, professeur Ariste propose de travailler davantage pour éduquer en toute transparence cette communauté vulnérable. Il faudrait envisager selon l’auteur des moyens de démystifier les fausses affirmations des adeptes antivaccins sur les médias sociaux et de vulgariser la vérification professionnelle de ces infox afin d’en dissuader les fautifs. Parallèlement, dans le secteur des soins de santé, la population et les professionnels de la santé doivent être sensibilisés à la nécessité de mettre fin au racisme en général et contre les Noirs en particulier. Professeur Ariste renchérit que certaines directives médicales doivent être mises à jour en vue de tenir compte des disparités raciales, par exemple dans le cas du cancer de la prostate et de la santé mentale.
La troisième partie du livre s’étend en substance sur le Canada et les États-Unis, deux sociétés où la diaspora haïtienne y exerce une certaine influence depuis plus d’un demi-siècle. Cette partie du livre est dédiée à d’autres défis des groupes ethnoraciaux tout en mettant l’accent sur l’interaction entre la diaspora haïtienne et le pays d’origine. Le seizième chapitre questionne la distribution de notre Soup Joumou aux camionneurs du convoi de la liberté à Ottawa lors de l’épidémie de la COVID-19.
Plausiblement témoin de certaines hypocrisies du système québécois, l’auteur écrit : « Le Québec était-il prêt à accueillir sa première femme noire au poste de premier ministre ? ». Au chapitre dix-huit, professeur Ariste élabore sur le pouvoir de négociation dans l’extraction de rentes émanant des changements technologiques au sein d’un ensemble d’industries, y compris celle du taxi. Il explique au chapitre 19 que la diaspora haïtienne attend depuis des décennies pour investir massivement dans son pays d’origine. Professeur Ariste élargit le concept d’équité dans cet ouvrage en y incluant enfin l’équité en matière d’environnement. S’alignant sur les nouvelles dynamiques mondiales, l’auteur souligne les retombées négatives de la facture climatique surtout sur les pays et les individus à revenus faibles. Il préconise que soit appliqué le principe pollueur-payeur afin d’internaliser les externalités négatives de la pollution. Cette approche vise à inciter les entreprises des pays industrialisés à adopter des comportements plus respectueux de l’environnement, au bénéfice des plus démunis.
Nourrir l’espoir à travers des actions concrètes
S’il est vrai que l’espoir tend à se perdre en Haïti et que les valeurs se périclitent, Dr. Ariste reconnaît que des modèles inspirants sont présentés à la société. En tant que professeur à l’illustre Institut des Sciences, des Technologies et des Études Avancées d’Haïti (ISTEAH), Ruolz Ariste a par exemple souligné les prouesses de cette institution académique dans un pays dominé par des crises multiples. Dans les lentilles de l’auteur, ce modèle de réussite – basé notamment sur un réseautage de l’élite académique haïtienne à la diaspora – piloté par l’éminent professeur Samuel Pierre mérite d’être répliqué à l’échelle nationale. Professeur Ariste demeure convaincu que la réforme des institutions nationales et internationales s’avère cruciale pour lutter contre la corruption et inverser la tendance de la pauvreté abjecte en Haïti et ailleurs. Selon Dr. Ariste, une redistribution de la richesse, notamment à travers des taxes progressives sur les richesses, pourrait contribuer à l’atteinte de l’équité.
Ruolz Ariste croit que les communautés sous-représentées, particulièrement les Noirs, devraient bénéficier davantage des bienfaits de l’inclusion dans la mesure où celle-ci favorise la confiance en soi et l’optimisme des individus appartenant aux groupes dits minoritaires. Cependant, les fruits d’un monde équitable et inclusif – caractérisé par des structures de gouvernance qui luttent contre la corruption – ne sont pas des avantages exclusifs pour les pays en développement. Étant donné la prédominance d’un monde globalisé où les bienfaits des externalités positives sur tous les pays deviennent incontestables, il est à noter que la DEI profiterait à tous.
D’une part, les meilleures performances des institutions stratégiques résultant des approches inclusives contribueront à lutter contre la pauvreté abjecte dans les pays en développement. Les résultats positifs escomptés seront susceptibles de déclencher des effets de levier pour améliorer les résultats dans d’autres secteurs porteurs. D’autre part, la hausse du bien-être global couplée de la baisse des taux de criminalité et des discriminations raciales et sexuelles apporteraient plus de sérénité aux pays développés et émergents. Ces derniers auraient ainsi à mobiliser moins de ressources financières et matérielles pour affronter un nombre de défis communs. En dernière instance, l’amélioration des indicateurs de meilleurs niveaux de vies entraînera une hausse de l’espérance de vie de la population mondiale.
Plusieurs institutions multilatérales ont témoigné que le creusement des inégalités éloigne la planète de la concrétisation des ODD. Par exemple, le PNUD prévient sur un danger imminent par rapport à la façon insouciante dont la communauté mondiale se positionne vis-à-vis des défis communs. Certes, l’on ne saurait conférer à la DEI le titre ambitieux de panacée face aux multiples problèmes de la planète. Cependant, ce modèle participe activement aux mécanismes favorables pour réduire de manière efficace les inégalités de développement et les dangers du changement climatique.
L’atteinte des objectifs de la justice sociale et transnationale ne peut que placer l’humanité à un meilleur stade de développement soutenable. À l’instar de plusieurs économistes versés dans la promotion de cet idéal d’un développement inclusif, Dr. Ariste prône à travers son livre des contributions substantielles de la DEI dans la vision sociétale d’un village mondial inclusif auquel l’humanité aspire.