Les prisonniers se sont fait la malle
Dans une série d’attaques coordonnées, des bandits ont pris d’assaut les deux principales prisons du pays, plongeant ainsi Haïti dans une crise sécuritaire sans précédent. Dans la nuit du samedi 2 mars au dimanche 3 mars 2024, près de 3597 détenus se sont évadés du pénitencier national, tandis que la majorité des prisonniers de la prison civile de la Croix-des-Bouquets ont également pris la fuite.
La série d’évasions a commencé après une tentative infructueuse des bandits armés contre la prison civile de Port-au-Prince, jeudi dernier, où les assaillants ont tenté de libérer leurs complices. L’attaque réussie sur les deux plus grands centres carcéraux du pays a libéré des centaines de détenus, semant la tourmente dans plusieurs communes du département de l’Ouest.
Seuls 90 détenus ont choisi de rester dans le pénitencier national abandonné par la police, parmi eux figurent, notamment les Colombiens impliqués dans l’assassinat de l’ancien président Jovenel Moïse, ainsi que des personnalités politiques et l’ancien secrétaire du barreau de port-au-Prince Robinson Pierre Louis. Ces détenus ont été relocalisés à Port-au-Prince dans l’après-midi du dimanche, dans le but de les sécuriser.
La prison civile de la Croix-des-Bouquets a également été la cible d’une attaque similaire menée par des membres de gangs, permettant à plusieurs détenus de s’échapper. Selon Me Arnel Rémy, cette prison comptait 1033 détenus, et tous se sont évadés.
Cependant cinq des prisonniers évadés du pénitencier national se sont rendus aux autorités policières du commissariat de Delmas 33, selon le coordonnateur du Collectif des Avocats pour la Défense des Droits de l’homme (CADHOH).
Les 70 prisonniers restants ont été transférés à Delmas, tandis que les autres sont dispersés dans plusieurs endroits de la commune de Pétion-Ville, y compris l’ancienne prison. Cependant, la situation reste tendue, comme en témoigne la fuite de six policiers sur dix qui étaient en isolement au commissariat de Delmas 33, le jour même de leur évasion.