Médecins Sans Frontières suspend ses activités médicales à Port-au-Prince suite à des menaces répétées
L’ONG Médecins Sans Frontières (MSF) a annoncé ce mercredi la suspension de ses activités médicales dans la région métropolitaine de Port-au-Prince, en réponse à une série d’attaques ciblant son personnel. Cette décision fait suite à un incident survenu le 11 novembre, au cours duquel deux patients ont été exécutés par des membres des forces de l’ordre, déclenchant une vague de menaces contre l’organisation humanitaire.
Port-au-prince,mercredi 20 novembre 2024
Une série d’incidents alarmants
Depuis cet événement tragique, MSF a signalé pas moins de quatre incidents graves au cours de la même semaine. Le 12 novembre, des agents de la Brigade de Recherche et d’Intervention (BRI) de la Police nationale d’Haïti auraient proféré des menaces de mort à l’encontre du personnel de l’organisation.
Quelques jours plus tard, le 16 novembre, un chauffeur de MSF a été verbalement agressé par des policiers en civil dans la zone de Delmas 33. Ces derniers auraient averti l’organisation de potentielles attaques à venir contre ses ambulances. Le 17 novembre, une ambulance de MSF a été arrêtée par une unité de la SWAT, qui a menacé d’exécuter les patients à bord. Enfin, le 18 novembre, lors de la commémoration de la Bataille de Vertières, un véhicule transportant du personnel de MSF a été intercepté par un agent de police en civil dans la zone de Carrefour Rita, avec des menaces similaires à l’encontre des travailleurs médicaux, des patients et des véhicules de l’organisation.
Face à ces menaces répétées, MSF a pris la décision de suspendre temporairement toutes les admissions de nouveaux patients et les transferts vers ses cinq centres médicaux à Port-au-Prince à partir de ce 20 novembre. Les patients déjà hospitalisés continueront néanmoins de recevoir des soins.
Christophe Garnier, chef de mission de MSF en Haïti, a expliqué que cette mesure, bien que difficile, était nécessaire pour protéger la vie de son personnel, des patients et des usagers. « Nous avons l’habitude d’opérer dans des contextes à hauts risques, mais lorsque les forces de l’ordre deviennent une menace directe, nous n’avons pas d’autre choix », a-t-il déclaré.
Il a toutefois précisé que cette suspension n’affecte pas les activités de MSF dans le Grand Sud, notamment à Port-à-Piment.
Des conséquences inquiétantes
Cette décision risque d’aggraver une situation sanitaire déjà critique dans la capitale haïtienne, où les services de santé sont débordés et insuffisants. « Dans un contexte aussi difficile, les impacts sur la santé et la vie des patients sont inévitables a, ajouté Christophe Garnier.
Alors que la population de Port-au-Prince continue de faire face à une crise sécuritaire sans précédent, la suspension des services de MSF met en lumière les défis croissants auxquels sont confrontées les organisations humanitaires opérant en Haïti.