8 mars : les femmes demandent aux gangs armés une chance de vivre en paix dans leur pays
Ce 8 mars, marquant la journée internationale de la femme, Vant Bèf Info donne la parole aux femmes déplacées en raison de la violence des gangs en Haïti. Délaissées par l’État, elles subissent toutes sortes de violences. Sur les places publiques et dans les camps d’hébergement de fortune, ces femmes sont exposées au viol, à la violence et vivent dans de conditions infrahumaines. Préoccupées par leur situation précaire, elles lancent un appel aux autorités concernées leur demandant de lutter pour une amélioration de leurs conditions de vie.
Elles sont nombreuses les femmes qui ont dû fuir leur demeure, leur quartier et leurs activités pour se réfugier sur des places publiques. L’insécurité oblige, ces déplacées internes, a abandonné leur minimum de confort pour vivre « l’enfer » dans les recoins de Port-au-Prince.
Des femmes qui veulent vivre
Nous sommes à l’intérieur d’un centre d’hébergement de fortune. Ici, les femmes s’adonnent à différentes activités commerciales ou sociales afin de gagner de l’argent ou chercher un moyen de divertissement. Leur vie dans les abris, présente toutefois une image sombre à l’occasion de la journée internationale de la femme. La promiscuité dans leurs nouveaux lieux de résidence les expose à toutes sortes de dangers.
Malgré tout, ces femmes que nous avons rencontrées sont conscientes du rôle qu’elles doivent jouer dans la société. « Nous sommes des mères et des cheffes de familles. Nous avons des enfants à élever. Nous voulons travailler, mais les gangs armés refusent de nous laisser mener notre petite vie tranquillement », déplore une cinquantenaire visiblement abattue.
Les résidentes de ces abris de fortune condamnent toutes formes de violence faites aux femmes. Le 8 mars, c’est aussi une occasion pour elles de dire aux bandits de mettre fin à leur pratique. « Les femmes sont vos mères, vos sœurs et vos filles. Elles ont besoin de sécurité et de sérénité pour continuer à jouer leur rôle dans la société», déclare Paola, une infirmière d’une trentaine d’année. La professionnelle de santé s’adresse aux gangs armés en ces termes : « nous voulons vivre, on en a assez de fuir, de pleurer et d’expérimenter l’enfer dans ce pays qui est aussi le nôtre ».
l’État doit jouer son rôle
Les femmes logées dans les centres d’hébergement improvisés dénoncent l’inaction des autorités concernées. Aucune prise en charge, aucune assistance… les déplacées internes sont livrées à elles-mêmes. Elles pressent le gouvernement à les protéger et à les intégrer au sein de la société. « On paie nos impôts comme tout le monde. Le gouvernement nous droit protection », martèle une jeune étudiante en informatique. La jeune fille soutient que la misère abjecte dans laquelle végète la grande majorité des femmes et filles doit interpeller l’État. « Il n’est pas possible que nous soyons délaissées ainsi et abandonnées aux bandits armés qui nous imposent leurs lois. Ces malfrats vont jusqu’à nous faire subir les pires atrocités qui soient au vu et au su des autorités », regrette l’étudiante de 25 ans.
La journée internationale de la femme puise ses racines dans la lutte que mènent les femmes depuis des siècles pour participer à la construction d’une société plus juste et équilibrée où elles pourront vivre à l’abri des gangs armés, sans être violées, tuées ni maltraitées.
Wandy CHARLES,