Les propositions du professeur James Boyard pour surmonter la crise sécuritaire
Le professeur James Boyard plaide pour la mise place des stratégies de consolidation de la paix et d’un plan national de réforme de la gouvernance politique, économique et territoriale pour trouver une solution durable à la crise sécuritaire qui sévit dans le pays.
M. Boyard soutient que la solution à la crise haïtienne a toujours été vue dans une logique restrictive et restreinte avec les stratégies militaro-policières adoptées par la Communauté internationale et les acteurs locaux qui n’ont apporté que des solutions provisoires, poussant le pays à revenir à chaque moment à la case de départ avec le rebondissement d’une plus grande flambée d’insécurité.
Pour une solution durable, il conseille d’une part la mise en place d’une solution à court terme comme le rétablissement d’un climat sécuritaire. « On était suffisamment bien outillé pour lutter contre les gangs et rétablir la situation sécuritaire du pays avec un minimum de l’autorité politique et du gouvernement on aurait pu freiner les actions des bandits, on en est arrivé là à cause d’un manque de volonté des responsables qui n’ont pas voulu investir dans la police nationale de manière à renforcer ses capacités opérationnelles et ses moyens matériels», a-t-il critiqué.
Il soutient que le fait que les autorités n’ont pas agi à temps pour renverser la vapeur montre le degré de leur implication dans cette crise et que cela est devenu un peu plus difficile pour la résoudre en utilisant la police nationale et les forces armées d’Haïti qui sont en manque de matériels et d’équipements et qu’il faut inévitablement penser en urgence au déploiement d’une force militaire étrangère.
« l’État doit mettre en place un Conseil national de sécurité capable de prendre en charge, d’encadrer et d’orienter stratégiquement les objectifs de cette mission pour avoir les résultats escomptés. Dans l’éventualité où cette force qui n’a pas la maîtrise du contexte local et la connaissance du territoire, elle s’expose a deux risques , des acteurs particuliers pourraient instrumentaliser cette force étrangère en leur donnant des objectifs qui sont à leurs profits où du moins cette force pourrait se donner elle-même des objectifs qui ne correspondent pas à la réalité du pays», prévient-il.
D’autre part, le professeur préconise de rétablir l’autorité de l’État en passant par la reconstruction de la confiance sociale avec le renforcement de l’accès de la population à la justice par le biais de la lutte contre la corruption judiciaire, la création des tribunaux de proximité, la lutte contre le coût élevé de la justice et contre la stigmatisation du créole dans les œuvres du juge et les procédures judiciaires, amélioration de la gouvernance démocratique, mais aussi faciliter l’accès de la population à des services de base.
De plus, le spécialiste en sécurité souligne que la prise en compte des facteurs structurels, les plus déterminants dans cette crise qui sont d’ordre social, institutionnel et politique, passant par le relèvement socio-économique d’un ensemble de communautés marginalisées pour déconflictualiser et pacifier les plus vulnérables, améliorer et renforcer les conditions des groupes qui sont exposés aux conflits et à la violence, réfléchir à de nouvelles politiques publiques en matière industrielle, commerciale et la création d’emplois de manière à créer un écosystème socio-économique et politique favorable à un maintien durable de la paix et à une lutte durable contre le chômage, la pauvreté, les inégalités sociales.
Pour consolider la sécurité après la fin de la mission, selon M. Boyard la mise en place de la reforme politique territoriale et économique, la mise en œuvre d’une nouvelle politique commerciale, industrielle et d’emploi axé autour du développement agricole, de l’agrobusiness, de la promotion de l’économie numérique et de l’entrepreneuriat innovant chez les jeunes, ainsi que la reforme du Cadre réglementaire, organisationnel et technique de la PNH.
Sheelove Semexant