« La dégradation du climat sécuritaire est l’expression d’un État incapable de rétablir son autorité »
L’une des principales missions de cette transition est d’organiser des élections pour renouveler le personnel politique du pays. Selon l’accord du 3 avril 2024, ce processus doit être achevé avant le 7 février 2026. Cependant, pour que ces scrutins puissent se tenir, il est impératif de neutraliser les gangs armés. Mais, selon Pierre Antoine Louis, politologue et ancien militaire américain, les confrontations entre le Conseil présidentiel et le Gouvernement constituent un obstacle majeur à cet objectif.
Port-au-Prince, le 21 octobre 2024 – De l’avis de Me Pierre Antoine Louis, les groupes terroristes restent déterminés à maintenir leur règne de terreur face à un État incapable de rétablir son autorité.
« Vigilants pour conserver leurs capacités de nuisance et les privilèges économiques qu’ils ont acquis, ces terroristes savent qu’ils détiennent le momentum sans crainte d’être rappelés à l’ordre », analyse l’ancien militaire américain.
Pendant que la situation sécuritaire se dégrade, les autorités n’ont toujours pas réussi à mettre en place le Conseil de Défense et de Sécurité, observe-t-il.
« On ne perçoit ni stratégie adéquate, ni réelle volonté de résoudre l’insécurité. Il est évident qu’il ne peut y avoir de rétablissement de l’autorité de l’État en l’absence d’une stratégie nationale adaptée aux menaces et enjeux sécuritaires », a souligné le consultant international.
S’agissant des fonds de l’intelligence, il dénonce leur répartition entre les tenants du pouvoir exécutif.
Que faire pour remédier à la situation actuelle ?
« D’abord, il faut que les institutions de transition, notamment le Conseil présidentiel et le Gouvernement, parviennent à un accord. Il est temps qu’elles organisent une retraite pour clarifier les rapports entre les branches du pouvoir exécutif », suggère Pierre Antoine Louis.
Il appelle également à mettre un terme immédiat aux luttes internes entre la Primature, le ministère des Affaires étrangères et des Cultes, et le Conseil présidentiel, afin de favoriser la cohérence et la cohésion au sein de la direction de l’État. « C’est essentiel pour la réussite de la transition », affirme-t-il.
Interrogé sur la possibilité d’organiser des élections générales dans un an, compte tenu du climat sécuritaire actuel, Pierre Antoine Louis a répondu : « Je ne le crois pas, sauf un miracle. »
« Vigilants pour conserver leurs capacités de nuisance et les privilèges économiques qu’ils ont acquis, ces terroristes savent qu’ils détiennent le momentum sans crainte d’être rappelés à l’ordre », analyse l’ancien militaire américain.